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lundi 1 décembre 2008

Universalité des profondeurs spirituelles

Hold me close, under the sunset by aliraza*

D’où vient donc que les âmes ont oublié Dieu leur père, et que,
fragments venus de lui et compléments à lui, elles s’ignorent
elles-mêmes et l’ignorent?
(Ennéades, V.1)


Cette belle citation de Plotin peut être mise directement en rapport avec cette autre belle parole venant de la Bhagavad-gita (14-7):

Les âmes éternelles sont en vérité des fragments de Ma Personne. Mais en ce monde matériel, les âmes sont recouvertes par les sens, dont le mental (le 6ième sens) qui prend refuge en la matière.

vendredi 21 novembre 2008

Le message essentiel de la Bhagavad-Gita


Krishna by arjuna_zbycho


La semaine dernière, j’ai eu le plaisir d’assister à une très belle conférence de Pierre Corbeil, directeur de la Collection Approche. Il a bien résumé le message essentiel de la Bhagavad-Gita dans un vocabulaire français simple et précis permettant à tous et chacun de saisir les enseignements les plus importants de l’Inde védique traditionnelle sans avoir à pratiquer des contorsions physiques compliquées (hatha-yoga) ou des austérités et des méditations à n’en plus finir.

Pas besoin non plus de faire une longue quête intellectuelle en essayant de distiller la connaissance essentielle cachée dans les centaines de milliers de pages des textes védiques. Ce travail a déjà été fait par les grands maîtres de la noble tradition du Védanta et le résumé offert par Pierre Corbeil satisferait la plupart d’entre eux.

Après une brève présentation situant le contexte historique et littéraire de la Bhagavad-Gita, il nous en a présenté un résumé en 4 points principaux ponctués par 4 mots sanskrits très importants :

Atma : Nous ne sommes pas ce corps périssable, mais une âme immortelle qui aspire à un bonheur éternel.

Karma : Malheureusement, lorsque l’âme est prisonnière du corps, elle doit souffrir à cause de son karma : les conséquences de ses actes passées.

Dharma : En se détachant des fruits et des actes et en agissant par devoir selon l’aptitude de service naturelle à l’âme, celle-ci peut se détacher de son karma.

Yoga : Le yoga est l’union à l’Absolu. Il existe de nombreux yogas : des yogas physiques (hatha-yoga), aux yogas de la connaissance (jnana-yoga), aux yogas de l’action (karma yoga) et aux yogas méditatifs (asthanga-yoga)… mais le plus élevé des yogas est le yoga de l’amour et de la dévotion (bhakti-yoga) qui consiste à diriger notre tendance à servir vers le sujet le plus méritant : l’Absolu.

Ce bhakti-yoga est de loin le plus facile d’exécution et celui qui produit les résultats les plus rapides. Il constitue le dharma suprême, la meilleure façon de se libérer de tout karma et de goûter au bonheur éternel, plein de conscience et de félicité que l’on retrouve dans une vie immergée dans l’amour pur.

Le vidéo de la conférence devrait être disponible le mois prochain sur le site de la Collection Approche.

À ne pas manquer pour ceux qui osent cheminer vers le bonheur éternel que nous recherchons tous sans cesse.

mardi 18 novembre 2008

Un autre échange fructueux avec mon ami philosophe Sébastien







Cher Sébastien,

Merci de ton invitation à une autre question.

Ma Question : Dans son même livre le pape Benoit XVI a le courage de parler d'une polémique parmis les théologiens. Il parle de la position de Oscar Cullmann
qui soulève le point que bien que la majorité des chrétiens 'croient' en l'immortalité de l'âme cette doctrine n'est pas vraiment évangélique car la vraie doctrine évangélique serait la résurrection des corps et l'immortatilité de l'âme est incompatible avec la résurrection des corps (toujours selon Oscar Cullmann : je ne parle pas ici de la position du pape. je ne fais que paraphraser ce que le pape paraphrase de Oscar Cullmann).

Je t'ai déjà demandé si tu connaissais des références bibliques faisant une description ontologique de l'âme. En connais-tu ???
Cette opposition entre l'immortalité de l'âme et la résurrection des corps concerne-t-elle vraiment les philosophes et théologiens chrétiens ???

Bonne chance avec celle-ci !!!
Guy
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Cher Guy,

Malheureusement, je ne connais pas Oscar Cullmann, mais mon intuition, c'est qu'il s'agit d'un auteur du 20ième siècle et il devrait être un bibliste, donc un exégète de la Bible. Or, si mon intuition sur Cullmann est exacte, il fait partie de la tradition ou du mouvement contre l'ontologie et la métaphysique, c'est la position des exégètes contemporains. Il s'agit d'un lecture strictement historique des Écritures. Rien de surprenant qu'il fantasme sur le corps (donc résurrection du corps) et non l'âme (immortalité de l'âme).

Avant de répondre à ta question assez simple sur les références bibliques (ontologiques et métaphysiques) sur l'âme. La Bible au complet!!! Voilà mes références bibliques. Truc oratoire, NON. Comment lis-tu la Bible? Il faut se poser la question d'historien de la théologie avant d'aborder un texte chrétien: comment, par exemple, les Pères de l'Église approchaient la Bible? Comme les exégètes contemporains? Encore une fois, il faut connaître la structure ou l'approche exégétique des Pères de l'Église, des Hébreux, des théologiens médiévaux et des mystiques chrétiens. Je crois, sous toute réserve, que l'approche chrétienne est différente de celle védique. Chez les Chrétiens, on ne lit pas l'Écriture comme on lisait à l'école primaire: on ne commence pas par la première phrase, la seconde et le paragraphe en entier et on continu de cette manière, chapitre par chapitre. C'est la méthode scolaire. Or, cette approche des textes n'est pas celle des juifs, des chrétiens: le principe exégétique d'or chez les Juifs et les Chrétiens, Pères de l 'Église jusqu'aux mystiques du 21ième siècle (Zundel), c'est l'association de mots, d'idées, de thèmes!!!! Jamais et jamais les Juifs et les Pères de l'Église ont lu la Bible de cette manière. Même Augustin était rhéteur, il n'a jamais lu les oeuvres d'Homère en commançant par le début. Il faut avoir encore une fois avoir un maître chrétien qualifié avant d'approcher les textes sacrés chrétiens. Note encore une fois que les versets associés peuvent (pas nécessairement) être contradictoires, mais c'est l'association de mots qui sera primordial. Mais, les deux versets peuvent aussi contenir le même sens. Autrement dit (je n'ai pas ma Bible est main, mais le jeu est facile ou un texte d'Augustin ou de Zundel en main), l'auteur chrétien prend un mot « âme » en Jean et l'associe à immortalité (j'invente encore) dans un ouvrage de la Sagesse et le relie à éternité en Exode. Ensuite, il fait une sous association pour expliquer sa définition biblique et faisant d'autres associations bibliques. Voilà comment les Juifs et les Pères de l'Église lisent la Bible. Il ne s'agit pas d'association gratuite: il y a toute une tradition d'association et de non-association. Prends n'importe quel texte des Pères et ne t'attache pas au sens, mais regarde comment ils fonctionnent. Avec un maître chrétien qualifié, j'apprends à lire la Bible de cette manière et on constate les définitions de l'âme et de la nature de Dieu qui sont évidentes aux yeux d'un chrétien. J'ai écrit trois articles sur la structure ou le fonctionnement exégétique à ce sujet et j'ai donné deux conférences aussi à ce sujet...sûrement le plus important avant de lire n'importe quel auteur chrétien. Cet aspect-là n'est vraiment pas connu par les autres traditions religieuses.
Donc, la conception de l'immortalité de l'âme et la résurrection des corps est biblique. La polémique, sous toute réserve, de l'immortalité de l'âme seulement date d'environ du 17 ou 18ième siècle avec l'avénement du matérialiste et notre belle psychologie matérialiste!!!! Ah! Ah! Ah!

Amitié,
Sébastien
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Cher Sébastien,

Merci beaucoup pour ces merveilleuses précisions sur la patrologie chrétienne. Il y a plusieurs belles différences entre la chrétienté et la tradition védique mais le fait de « méditer » les textes fondamentaux avec un maître est une des belles similitudes. Par contre, une libre association de pensée entre la révélation et les philosophies profanes, serait peu encouragée.

Il n’y a pas de résurrection des corps dans les traditions védiques car l’immortalité de l’âme est décrite en grand détail dans de nombreux textes où le corps est décrit comme un vêtement temporaire (je vais en citer quelques-uns à la fin de ce texte).

Lorsque l’âme quitte le corps au moment de la mort, plusieurs options s’offrent à elle selon son karma ou son niveau de conscience :

1- Dans la plupart des cas, elle doit se réincarner dans un autre corps de matière (animal, végétal ou humain…) (voir Bhagavad-Gita 2.13)
2- Si elle a accompli de nombreuses activités pieuses ou philanthropiques, elle pourra être élevée temporairement (quelques milliers d’années) sur des planètes paradisiaques avant de retomber en ce monde mortel.

Trois autres options sont disponibles pour ceux qui pratiquent un yoga supérieur assidûment :

3- L’âme impersonnelle de ceux qui suivent la voie impersonnelle peut se fondre dans la forme sans forme de l’Absolu.
4- Certains yogis peuvent se fondre dans une des « formes spirituelles » de l’Absolu (ex : devenir Shiva).
5- Ceux qui pratiquent le bhakti-yoga de l’amour et de la dévotion peuvent obtenir une forme spirituelle (un peu comme le « corps de gloire » décrit par Thomas d’Aquin) avec laquelle ils peuvent servir et aimer la forme ultime de l’Absolu en tant que Personne Suprême.

Cette tension philosophique que j’ai mentionné dans ma question a l’importance de révéler des anxiétés existentielles dont Schopenhauer a exposé quelques ficelles dans les compléments à son livre « Le monde comme volonté et représentation » : « Enseigner à l’homme qu’il n’est issu du néant qu’il y a peu de temps, que par la suite durant une éternité il n’était rien, et que cependant il doit être, dans l’avenir, impérissable, c’est au fond comme lui enseigner que, tout en étant de part en part l’œuvre d’un autre, il doit être néanmoins, pour tout éternité, responsable de ses actes et de sa conduite ».

À cette conception chrétienne populaire qui semble affirmer la création ex nihilo d’un sujet destiné à vivre éternellement, Schopenhauer va opposer le sujet éternel de pure connaissance qu’il a glané dans ses lectures des Védas et du védanta.

Note importante : Les conceptions chrétiennes de Schopenhauer sont sûrement aussi limitées que sa compréhension du védanta mais il révèle une belle question existentielle qui permettra peut-être à nos contemporains de s’interroger sur leur identité véritable et leur futur probable.

Je terminerai ce petit commentaire par quelques textes védiques classiques, venant du tout début de la Bhagavad-Gita, chapitre 2 (ma traduction) sur l’immortalité de l’âme éternelle que nous sommes :

VERSET 12
na tv evähaà jätu näsaà
na tvaà neme janädhipäù
na caiva na bhaviñyämaù
sarve vayam ataù param

na : jamais ; tu : mais ; evä : certes ; ahaà : Je ; jätu : deviens ; nä : jamais ; asaà : exista ; na : ce n’est pas ainsi ; tvaà : toi ; na : pas ; ime : tous ces ; janädhipäù : rois ; na : jamais ; ca : aussi ; eva : certes ; na : pas comme cela ; bhaviñyämaù : existerons ; sarve : nous tous ; vayam : nous ; ataù param : ensuite.

Jamais ne fut le temps où nous n'existions, Moi, toi et tous ces rois; et jamais aucun de nous ne cessera d'être.

VERSET 13
dehino ’smin yathä dehe
kaumäraà yauvanaà jarä
tathä dehäntara-präptir
dhéras tatra na muhyati

dehinah : de l’âme incarnée ; asmin : dans ce ; yathä : comme ; dehe : dans le corps ; kaumäraà : enfance ; yauvanaà : jeunesse ; jarä : vieillesse ; tathä : de même ; dehäntara : changement de corps ; präptih : accomplissement ; dhérah : le sage ; tatra : en cela ; na : jamais ; muhyati : s’émeut.

A l'instant de la mort, l'âme prend un nouveau corps, aussi naturellement qu'elle passe de l'enfance à la jeunesse, puis à la vieillesse. Le sage ne s’émeut pas de ce changement de corps.

VERSET 17
avinäçi tu tad viddhi
yena sarvam idaà tatam
vinäçam avyayasyäsya
na kaçcit kartum arhati

avinäçi : impérissable ; tu : mais ; tat : cela ; viddhi : sache ; yena : par quoi ; sarvam : tout le corps ; idaà : ce ; tatam : répandu ; vinäçam : destruction ; avyayasyäsya : de l’impérissable ; na kaçcit : nul ; kartum : faire ; arhati : capable de.

Sache que ne peut être anéanti ce qui pénètre le corps tout entier. Nul ne peut détruire l'âme impérissable.

VERSET 18
antavanta ime dehä
nityasyoktäù çarériëaù
anäçino ’prameyasya
tasmäd yudhyasva bhärata

antavantah : périssable ; ime : tous ces ; dehäh : corps matériels ; nityasya : existant éternellement ; uktäù : il est dit que ; çarériëaù : les âmes incarnées ; anäçinah : ne devant jamais être détruites ; aprameyasya ; immensurables ; tasmät : jamais ; yudhyasva : combat ; bhärata : ô Arjuna, descendant de Bharata.

L'âme est indestructible, éternelle et sans mesure; seuls les corps matériels qu'elle emprunte sont sujets à la destruction. Fort de ce savoir, ô descendant de Bharata, engage le combat.

VERSETS 19
ya enaà vetti hantäraà
yaç cainaà manyate hatam
ubhau tau na vijänéto
näyaà hanti na hanyate

yah : quiconque ; enaà : cela ; vetti : sait ; hantäraà : tueur ; yah : quiconque ; ca : aussi ; enaà : cela ; manyate : croient ; hatam : tué ; ubhau : tous deux ; tau : ils ; na : jamais ; vijänétah : en connaissance ; nä : jamais ; ayaà : cela ; hanti : tue ; na : non plus ; hanyate : être tué.

Ceux qui croient que l’âme peut être tuée et ceux qui croient que l’âme peut tuer, sont tous les deux ignorants. L’âme ne peut tuer, ni être tuée.

VERSET 20
na jäyate mriyate vä kadäcin
näyaà bhütvä bhavitä vä na bhüyaù
ajo nityaù çäçvato ’yaà puräëo
na hanyate hanyamäne çarére

na : jamais ; jäyate : naît ; mriyate : ne meurt jamais ; vä : ou ; kadäcit : à aucun moment (passé, présent ou futur) ; nä : jamais ; ayaà : ce ; bhütvä : vint au monde ; bhavitä : sera ; vä : ou ; na : ne pas ; bhüyaù : a été ; ajah : non née ; nityaù : éternelle ; çäçvatah : permanent ; ayam : ce ; puranah : originelle ; na : jamais ; hanyate : est tuée ; hanyamane : étant tuée ; sarire : par le corps.

L'âme ne connaît ni la naissance ni la mort. Non née, immortelle, originelle, éternelle, elle n'eut jamais de commencement, et jamais n'aura de fin. Elle ne meurt pas avec le corps.

VERSET 21
vedävinäçinaà nityaà
ya enam ajam avyayam
kathaà sa puruñaù pärtha
kaà ghätayati hanti kam

vedä : qui a la connaissance ; avinäçinaà : indestructible ; nityaà : toujours ; yah : celui qui ; enam : cette (âme) ; ajam : non née ; avyayam : immuable ; kathaà : comment ; sah : il ; puruñaù : personne ; pärtha : ô Arjuna, fils de Prtha ; kaà : qui ; ghätayati : faire tuer ; hanti : tue ; kam : qui.

Comment, ô Arjuna, celui qui sait l'âme non née, immuable, éternelle et indestructible, pourrait-il tuer ou faire tuer?

VERSET 22
väsäàsi jérëäni yathä vihäya
naväni gåhëäti naro ’paräëi
tathä çaréräëi vihäya jérëäny
anyäni saàyäti naväni dehé

väsäàsi : vêtements ; jérëäni : vieux et déchirés ; yathä : tel qu’il est ; vihäya : abandonnant ; naväni : vêtements neufs ; gåhëäti : prend ; narah : un homme ; aparäëi : autre ; tathä : de la même façon ; çaréräëi : corps ; vihäya : abandonnant ; jérëäny : vieux et inutiles ; anyäni : différents ; saàyäti : prend en vérité ; naväni : un nouvel ensemble ; dehé : l’âme incarnée.

De même qu’un homme rejette ses vieux habits et en prend des neufs, ainsi l’âme incarnée rejette ses vieilles dépouilles pour en emprunter de nouvelles.

VERSET 23
nainaà chindanti çasträëi
nainaà dahati pävakaù
na cainaà kledayanty äpo
na çoñayati märutaù

na : jamais ; enaà : cette âme ; chindanti : fendre ; çasträëi : toutes les armes ; na : jamais ; enaà : cette âme ; dahati : brûle ; pävakaù : feu ; na : jamais ; ca : aussi ; enaà : cette âme ; kledayanti : mouille ; äpah : eau ; na : jamais ; çoñayati : dessèche ; märutaù : vent.

Aucune arme ne peut fendre l'âme, ni le feu la brûler; l'eau ne peut la mouiller, ni le vent la dessécher.

VERSET 24
acchedyo ’yam adähyo ’yam
akledyo ’çoñya eva ca
nityaù sarva-gataù sthäëur
acalo ’yaà sanätanaù

acchedyah : indivisible ; ayam : cette âme : adähyah : ne peut être brûlée ; ayam : cette âme ; akledyah : insoluble ; açoñyah : ne peut être desséchée ; eva : certes ; ca : et ; nityaù : éternelle ; sarva-gataù : omniprésente ; sthäëuh : inchangeable ; acalah : fixe ; ayaà : cette âme ; sanätanaù : éternellement la même.

L'âme est indivisible et insoluble; le feu ne l'atteint pas, elle ne peut être desséchée. Elle est immortelle et éternelle, omniprésente, inaltérable et fixe.

VERSET 25
avyakto ’yam acintyo ’yam
avikäryo ’yam ucyate
tasmäd evaà viditvainaà
nänuçocitum arhasi

avyaktah : non-manifestée ; ayam : cette âme ; acintyah : inconcevable ; ayam : cette âme ; avikäryah : immuable ; ayam : cette âme ; ucyate : est dite ; tasmät : donc ; evaà : comme cela ; viditva : le sachant bien ; enaà : cette âme ; nä : ne pas ; anuçocitum : peut se lamenter sur ; arhasi : tu mérites.

Il est dit de l'âme qu'elle est non-manifestée, inconcevable et immuable. Sachant cela, tu ne devrais pas te lamenter.

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J'aimerais terminer ce petit échange sur l'immortalité de l'âme avec une merveilleuse citation de Platon qui présente vraiment un principe universel de sagesse tel que ceux que j'aime présenter dans une perspective de Védanta Global:

Plus que tout par suite,
l’âme est chose non-mortelle
qui ne peut être anéantie
(Phédon, 107a)

La présentation d’un autre mode de pensée : celui de la sagesse


Alors qu’en occident on se fait dire que l’humain évolue de plus en plus en intelligence et en rationalité, les traditions primordiales comme celle de l’Inde vont davantage privilégier le mode de vie des anciens en parlant d’une décadence des mœurs et de la sagesse à notre époque aveuglée par la course aux buts matériels.

Voyez cet extrait intéressant de la revue Québec Science de novembre 2008


C’est à lui que l’on doit d’avoir rompu une fois pour toutes avec la conception évolutionniste des sociétés humaines. « Cette idée voulait que certains peuples, dits « primitifs », incarnent des stades de développement antérieurs à la civilisation occidentales qui, elle, représentait l’âge adulte », précise Rémi Savard. À l’époque, dans la lignée du discours anthropologique classique né au XIX siècles sous l’influence de la théorie de Darwin, il se trouve des auteurs pour affirmer la suprématie de la pensée occidentale, logique et rationnelle, sur celle, « prélogique », de sociétés prétendument archaïques. La pensée sauvage, publié en 1962, sera une « démonstration éclatante qui mettra un point final à tous ces débats », dit Robert Crépeau, de l’Université de Montréal. Quand Lévi-Strauss détaille le nombre stupéfiant d’espèces que les Autochtones savent nommer dès l’enfance, leur connaissance des mœurs de chaque animal, des mille usages de chaque plante, il montre qu’entre la pensée mythique des indigènes et la pensée scientifique des savants, il n’y a pas de différence fondamentale. Toutes deux procèdent du même équipement mental, de la même observation minutieuse des faits, de la même analyse méthodique, du même besoin impératif de mettre de l’ordre dans l’Univers. Seuls leurs objets changent : l’une s’intéresse aux qualités concrètes, l’autre, aux propriétés abstraites.

Lévi-Strauss ira jusqu’à affirmer que la science elle-même tend aujourd’hui à renouer avec la pensée mythique. Pour faire comprendre aux profanes des réalités qui n’ont de sens que dans le langage mathématique de la physique, les scientifiques recourent à des métaphores (le paradoxe du chat de Shrödinger en physique quantique, le big-bang en astronomie) qui ont tout le caractère des mythes. C’est la science qui nous paraît maintenant surnaturelle tant les phénomènes qu’elle décrit – qu’un électron puisse exister dans deux endroits à la fois, par exemple – contredisent notre expérience du monde sensible. « De la façon le moins attendue, c’est le dialogue avec la science qui rend la pensée mythique à nouveau actuelle », écrit-il en 1991 dans Histoire de lynx.


Démonter les ressorts de l’imaginaire, expliquer comment sefondent les familles et les sociétés, débarrasser l’Occident de sespréjugés sur les peuples dits «primitifs», voilà à quoi ClaudeLévi-Strauss a passé sa vie. Par Noémi Mercier

L’importante ici n’est pas de choisir si l’approche moderne est pire ou meilleure que les approches traditionnelles. L’important est d’essayer de préserver les valeurs de sagesse à notre époque qui donne beaucoup plus de place au matérialisme.


samedi 15 novembre 2008

Un SOS pour la jeunesse


La semaine dernière je fus invité à faire une présentation sur l’art et la sagesse d’orient dans 2 classes d’étudiants en éthique religieuse (secondaire 4) et une classe d’art plastique (secondaire 5).

J’avais souvent entendu des commentaires à l’effet que la situation se détériorait dans les écoles du Québec et comment les professeurs avaient un mal fou à se faire respecter des élèves mais je fus malgré tout choqué et consterné de voir à quel point ce manque de respect et manque d’intérêt pour le savoir est grand.

La plus grande surprise était de constater que chacune des 3 classes d’élèves posaient surtout des questions reliées au sexe et à l’argent alors que je leur parlais des valeurs traditionnelles de sagesse, d'harmonie, d'unité, de respect de la nature…

Un des 3 braves professeurs qui a assisté à ma présentation avec beaucoup d’intérêt, me fit la remarque: « Ici, il n’y a pas que les élèves qui sont obsédés par le sexe et l’argent ». Et après réflexion, il semblerait qu’on pourrait étendre le « ici » à toute l’Amérique et bientôt à toute la planète qui fait un gigantesque effort GLOBAL pour y poursuivre les mêmes rêves individualistes et matérialistes.

Je lisais justement un article du Harvard Business Journal expliquant comment la crise financière actuelle était due à une interprétation matérialiste du rêve américain centré sur la gratification immédiate.

J’admire beaucoup le courage des enseignants qui tentent d’enseigner aux jeunes d’aujourd’hui mais je ne vois pas comment ils pourront transmettre de vraies valeurs telles que la sagesse ou le simple respect élémentaire surtout dans un climat où tous et chacun ne sont concernés que par l’acquisition d’argent leur permettant d’obtenir une gratification immédiate.

Les écoles sont de tout évidence incapables de transmettre ces valeurs. Les religions n’intéressent qu’une minorité, de plus en plus minoritaire de jeunes. Les médias et l’Internet n’ont pas non plus l’édification morale des jeunes comme priorité alors que les parents sont souvent trop occupés à travailler pour fournir les biens matériels pour leurs enfants qui voyagent de la garderie à l’école puis, devant le téléviseur.

Comment vont-ils pouvoir acquérir les valeurs qui leur permettront d’empêcher la course autodestructrice dans laquelle l’humanité s’est emballée???

dimanche 9 novembre 2008

Petit contraste qui remet les infinis à leur place


bougainvillea by afearonwood.



Le best-seller, Le Secret, stipule que nous sommes les créateurs de notre univers et que tous les souhaits que nous formulons se matérialisent dans notre vie.

À cette frauduleuse exagération, je préfère ce mot de Saint-Jean de la Croix qui met à la fois en perspective la grandeur de l’humain et celle de la vraie source de toute chose :

« Une pensée de l’homme est plus grande que tout l’univers! Il n’y a donc que Dieu qui soit capable et digne de la remplir ».

La pensée de l’homme est un outil fabuleux qui est trop souvent utilisée pour des tâches éphémères comme l’accumulation de biens matériels.

mardi 4 novembre 2008

Une merveilleuse rencontre avec un sage



La semaine dernière j’ai assisté à une très intéressante rencontre au département de théologie de l’Université de Montréal à l’occasion du lancement du dernier numéro de la Revue Scriptura.

J’y ai fait la rencontre d’un homme de Dieu et de vérité tout à fait merveilleux, le Dr. Beck, directeur du Pappas Patristic Institute.

La chance m’a sourit puisque j’ai eu la privilège d’entamer une discussion personnelle avec lui de presque 2 heures où nous avons pu explorer avec grande délectation plusieurs sujets : le culte des enfants depuis 1 siècle en occident, les relations entre les fondateurs du protestantisme et la patriarchie de l’orthodoxie grecque, Thomas Merton et l’universalisme de l’expérience mystique profonde… Ainsi que quelques parallèles intéressants entre sa conversion du protestantisme à l’orthodoxie grecque (et sa belle liturgie byzantine foissonnante) et mon passage à la tradition védantiste vaishnava de l’Inde.

Ce fut extrêmement agréable de converser avec un être aussi profondément ouvert à toutes les traditions tout en étant si bien enraciné dans la sienne. Je considère que son travail de présentation et de plateforme d’étude de la patristique est de la plus haute importance pour donner de profondes racines de sagesse à un monde qui s’essouffle à force de s’emballer dans toutes les directions.

Le point central de notre discussion était l’immense beauté, le grand bonheur et la richesse incommensurable de sagesse présentement disponible pour celui qui est prêt à faire un effort de retour aux sources dans les traditions de sagesse.


dimanche 19 octobre 2008

De la morale... au yoga de la sagesse

Lors de la conférence que j’ai donnée à l’occasion du lancement de mon livre, j’ai fait une remarque importante sur la différence du type de présentation entre la littérature védique de l’Inde et les fables d’occident.

Ci-dessous, vous trouverez une fable de La Fontaine et 2 fables d’Aesope. Elles sont courtes et n’ont qu’une seule conclusion morale.

En lisant mon livre, vous verrez que la plus simple des histoires peut comprendre une douzaine de maximes ainsi que des nombreuses dimensions autant morales que pratiques. Le but n’est pas d’acquérir une seule leçon mais de se connecter à la source de toute morale. En ce sens, c’est un type de yoga. Un yoga de la sagesse.

1- Extrait deLafontaine


Maître corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître renard par l'odeur
alléché ,
Lui tint à peu près ce langage :
«
Et bonjour Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli! que vous me semblez beau!
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le
phénix des hôtes de ces bois»
A ces mots le corbeau ne se sent pas de joie;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec laisse tomber sa proie.
Le renard s'en saisit et dit: "
Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute:
Cette leçon vaut bien un fromage sans doute."
Le corbeau
honteux et confus
Jura mais un peu tard , qu'on ne l'y prendrait plus.


2- Aesope


La poule aux œufs d’or

Un homme avait l'immense bonne fortune de posséder une oie merveilleuse. Chaque jour, elle pondait un oeuf d'or. L'homme s'enrichissait mais, plus il en avait, plus il en voulait. Il décida d'avoir tout le trésor à la fois, et tua l'oie. Mais quand il l'eut tuée et lui eut ouvert le ventre, au lieu de trouver un tas d'œufs d'or, il découvrit qu'elle était comme toutes les oies.

L'impatience ne paie pas.


Le chat et les rats, d'après Ésope

Une maison était infestée de rats. Un chat, l’ayant su, s’y rendit, et, les attrapant l’un après l’autre, il les mangeait. Or les rats, se voyant toujours pris, s’enfonçaient dans leurs trous. Ne pouvant plus les atteindre, le chat pensa qu’il fallait imaginer quelque ruse pour les en faire sortir. C’est pourquoi il grimpa à une cheville de bois et, s’y étant suspendu, il contrefit le mort. Mais un des rats sortant la tête pour regarder, l’aperçut et dit : " Hé ! l’ami, quand tu serais sac, je ne t’approcherais pas. "

Les hommes sensés, quand ils ont éprouvé la méchanceté de certaines gens, ne se laissent plus tromper à leurs grimaces.



Pour plus de détails : voir la conférence



vendredi 17 octobre 2008

Merci à tous ceux qui sont venus au lancement de mon livre


Mystery Flower
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Clicquez ici pour écouter le début de ma conférence donnée à cette occasion (20 minutes)

Obtenez toute la conférence (1 heure) en boni lorsque vous vous abonnez au bulletin de la collection approche (l'éditeur de mon livre):Voyez le lien pour cette offre spéciale qui vous permettra de recevoir par email de nombreux autres vidéos et fichiers audios gratuits que vous ne pouvez pas trouver ailleurs sur mes sites.