mercredi 4 février 2009

Les difficultés de lâcher prise - partie 3

OBSTACLES

À part l’ego matériel il y a plusieurs autres obstacles au lâcher prise. Mais on ne doit pas se décourager. Il faut bien comprendre qu’on ne réussit pas à lâcher prise en prenant l’autobus. Généralement cela prend plus de 2 heures 50 minutes avant de pouvoir lâcher prise.

Je viens d’expliquer le problème de l’ego, il veut tout contrôler pour lui-même. Qu’arrive-t-il en voulant tout contrôler par lui-même? Malgré qu’il soit déjà égocentrique, il le devient davantage. Il veut être le centre de toutes choses. Il devient de plus en plus attaché aux choses matérielles croyant qu’elles lui appartiennent.

L’ego se dit: «Je suis un corps matériel, je suis la personne la plus importante de l’univers, je suis le centre de l’univers et tout ce qui est autour de ce corps m’appartient». L’ego fonctionne comme cela. Lorsque par exemple on achète une voiture, on a la conception que c’est ma voiture. L’ego se raffermit, il grossit. Plus on achète de bébelles, plus on a de choses matérielles autour de nous et plus on a le «Moi, moi, moi». Ce moi grossit toujours plus. Plus le moi grossit, plus on est attaché. «Il ne faut pas que personne égratigne ma voiture sinon je vais le tuer». L’ego matériel et l’attachement sont alors devenus très gros.

Pourquoi agissons-nous ainsi? C’est dû à l’ignorance car la personne n’a pas la connaissance de son vrai ego. Elle ne sait pas qui elle est vraiment. Puisqu’elle ne sait pas qui elle est, elle a un ego matériel, elle s’identifie à ce qu’elle n’est pas, la matière. L’ignorance qui nous recouvre nous fait voir les choses de façon illusoire.

LES CINQ COUCHES D’IGNORANCE

Il y a cinq couches d’ignorance, soit avidya, ashmita, raga, desha et abineveshita.

Avidya

Vidya veut dire la connaissance et avidya veut dire la non-connaissance. La non-connaissance de notre vraie nature. La non-connaissance de la nature de l’âme fait qu’on s’identifie avec ce qu’on n’est pas. Lorsque l’âme entre en contact avec la matière, elle prend un corps matériel et s’identifie avec ce corps. Elle se dit que lorsqu’elle est dans un corps d’homme, «je suis un homme» et lorsqu’elle est dans un corps de femme, «je suis une femme». Cela s’appelle avidya. C’est très très fort. Quelqu’un peut croire pouvoir lâcher prise mais lorsqu’elle se dit qu’elle est une femme, elle est encore dans l’ignorance, cela veut dire qu’elle ne lâche pas prise de son ignorance. Son ignorance est toujours là. Elle a peut-être lâcher prise de ce qu’elle pensait il y a cinq minutes mais elle n’a pas eu le vrai lâcher prise. On lâche prise de nos illusions, ce à quoi on est attaché et c’est ce qui est le plus dur à se détacher. Cette ignorance fait qu’on est très attaché à notre première illusion, on s’identifie à ce qu’on n’est pas.

Ashmita

La deuxième couche qui renforcit l’illusion à devenir encore plus forte en soi est ashmita. Ashmita veut dire «à moi» (possessif). «Non seulement je m’identifie à ce corps mais ce corps est à moi, il m’appartient». On ne sait pas qui est le moi encore parce qu’on est dans l’ignorance mais on croit que ce corps est à nous, on en est complètement convaincu. On n’est pas capable de fabriquer un seul atome, un seul ongle mais on est convaincu que c’est à nous. La nuance est rendue de plus en plus forte.

Dans ce ashmita, c’est à moi. Tout ce qui est en relation au corps, c’est mon corps, mon linge, ma maison, ma ville, mon pays. Tous ceux qui semblent donner des problèmes à mon pays, on va les détruire. Ce genre d’ignorance est souvent la cause de toutes les guerres, des problèmes dans la société et de l’hypocrisie. Lorsqu’on a cette ignorance, pensez-vous qu’on peut lâcher prise? C’est mon pays, c’est ma maison, je vais détruire ceux qui ne pensent pas comme moi. On ne peut pas lâcher prise avec cette ignorance. L’ignorance commence au niveau matériel et la solution est au niveau spirituel. On ne peut pas lâcher prise juste en prenant l’autobus. Cela prend vraiment une connaissance spirituelle pour lâcher prise.

Raga

La troisième couche d’ignorance est raga qui veut dire attachement. Rendu à l’attachement, l’illusion est devenue très, très grande. Au premier niveau d’ignorance on s’identifie au corps, au deuxième niveau on devient possessif (c’est à moi, ce corps est à moi). À ce troisième niveau d’ignorance on s’est très attaché à notre corps même s’il est en train de pourrir, on veut rester en vie. Même s’il se passe n’importe quoi avec ce corps, je veux le garder. Les gens ont peur de mourir, ils ne savent pas ce qui se passe au moment de la mort mais ils ont peur quand même parce que leur corps va être détruit. C’est un attachement très très fort et il faut que le corps paraisse très beau, tout cela fait partie de l’attachement du corps. Avec cette troisième couche, l’illusion devient encore plus forte.

Desha

Desha veut dire qu’on est prêt à tout faire pour défendre nos illusions. On est même prêt à partir en guerre contre ceux qui ne disent pas comme nous. A ce niveau nos illusions ont augmenté de beaucoup. La violence peut s‘emparer de nous pour défendre toutes ces fausses identifications. Telle personne ne trouve pas que mon corps est assez beau alors je ne le regarde plus, je ne lui parle plus. Cela grossit notre ego et notre ignorance davantage.

Abineveshita

Le cinquième niveau d’ignorance est abineveshita, absorption totale dans l’illusion. On n’est plus concerné par notre moi véritable, par la réalité. On est juste concerné à garder ces illusions en place. C’est-à-dire qu’on va haïr ceux qui ne nous aiment pas, on va s’occuper du corps à outrance, on va s’occuper que de choses matérielles parce qu’on a complètement perdu contact avec notre moi véritable. On a perdu contact avec notre vrai moi.

Ces cinq couches d’ignorance font grossir notre attachement matériel ainsi que notre ego matériel. Avec ces obstacles, il n’est pas facile de lâcher prise. On doit avant tout sortir de l’ignorance.

Karma par Sarah Wheeler


Karma

On va continuer avec les autres obstacles au lâcher prise. Une autre grande barrière est le karma. Le karma est décrit comme étant des chaînes. Il y a deux sortes de chaînes: des chaînes d’or et des chaînes de fer.

Les chaînes de fer s’appellent le mauvais karma alors que les chaînes d’or sont le bon karma. Si on fait une activité, on a automatiquement du karma. Le mot karma signifie action, ce n’est pas juste une réaction. À l’action il y a automatiquement une réaction. C’est une des lois de la physique matérielle, c’est une loi de la nature. Newton, le grand philosophe anglais, était aussi un scientifique qui a écrit la loi F=MA (la force égale la masse fois la vitesse d’accélération), c’est-à-dire pour chaque action il y a une réaction égale et opposée. C’est pour cela que la pomme tombe de l’arbre.
C’est une histoire qu’on raconte sur Newton alors qu’il se trouvait sous un arbre et qu’une pomme lui est tombée sur la tête. Il s’est dit : « pourquoi cela m’arrive à moi, pourquoi il faut que la pomme tombe vers le bas et lorsqu’elle tombe, elle tombe sur ma tête et là j’ai une réaction cela fait mal ». Il a calculé qu’il y a la force de la gravité qui fait que toutes les choses tendent vers le sol, cela ne vient pas juste par hasard. Ce n’est pas par hasard que les pommes tombent vers le sol, c’est qu’il y a une force de gravité qui existe.

Les choses n’arrivent pas par hasard. C’est cela le karma. S’il y a du mal qui nous arrive, ce n’est pas par hasard, c’est que nous avons fait du mal dans le passé. Toutes nos actions apportent une réaction. Dans la loi du karma, quelque chose que presque personne ne sait et qui est important de savoir; toutes les fois qu’on fait une action on en devient attaché. On prend une cigarette, la réaction c’est quoi, on commence à développer de mauvaises choses à l’intérieur, ça peut aller jusqu’au cancer. On a l’habitude, on dit je suis cool, j’ai l’air cool, j’ai l’air comme la fille à la télévision. La personne se sent relaxée un peu, elle devient attachée à son action. Plus elle devient attachée à son action, à un moment donné elle n’est plus capable de s’arrêter. On a beau lui dire de lâcher prise, c’est rendu difficile de lâcher prise sur la cigarette à cause de cette loi du karma. Lorsque tu fais une action, non seulement tu as une réaction mais tu as un attachement à cette action, cela développe un samskara. Toutes ces choses sont interreliées (action, réaction, attachement, samskara). On développe un samskara qui est une impression qu’on enregistre dans notre subconscient. C’est quelque chose qui s’enregistre à l’intérieur de nous: «j’aime la cigarette et je veux la cigarette». Le désir s’enregistre en nous.

Vasana

Les samskaras les plus dangereux sont les vasanas. Qu’est ce qu’un vasana? Un désir qui s’installe en nous. On devient des marionnettes de ces désirs. Dans notre corps on a le désir: cigarettes, cigarettes, cigarettes. On travaille fort, on fait plein de choses juste pour être capable d’avoir plus de cigarettes même si cela nuit à notre santé.


Questions/story of my wild river to my ego! (4) par Denis Collette...!!!

Anartha

L’anartha est un grand obstacle au bonheur et à la vie. Ce sont des désirs non voulus. Quelqu’un dit qu’il aimerait bien arrêter de fumer mais il n’y arrive pas parce qu’il y a dans son corps un anartha, un désir non voulu qui s’est inscrit en lui. Avec cet anartha, il est très difficile de lâcher prise parce que cela revient toujours. Le problème avec l’âme conditionnée c’est que lorsqu’on quitte notre corps pour prendre un autre corps, on amène avec nous tous les anarthas, tous les vasanas, l’ego qui a grossi, le karma, les attachements matériels. Tout ce bagage nous suit pour toujours, vie après vie.

Ce sont des choses qu’on traîne avec nous, ce qui fait que cela rend le lâcher prise encore plus difficile. Il y a une histoire zen qui raconte qu’un disciple va rencontrer son maître en lui demandant comment il pouvait obtenir la libération? Cela veut dire comment puis-je me libérer de tous ces anarthas, de toutes ces affaires qui me dérangent. Le maître dit: «Qui te tient prisonnier?» Voilà la réponse.

Lorsqu’on cherche le coupable on pense tout de suite qu’il est à l’extérieur de nous. Cela fait partie de l’ego. L’ego est très fier, il se pense très bon, il ne veut pas accepter ses faiblesses, il ne veut pas accepter qu’on lui dise qu’il est la cause de son propre enchaînement. Il veut mettre la faute sur quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui a un ego très fort, très développé va toujours chercher à accuser les autres. C’est souvent ce qui amène la guerre et la mésentente. C’est toujours la faute de l’autre. On cherche l’autre. Si on ne veut pas faire mettre la faute sur l’autre, on essaie de mettre la faute sur le karma, l’ignorance, l’attachement, les samskaras, l’ego, le mental etc…

En résumé le problème est que nous sommes depuis toujours attachés à l’ignorance et depuis toujours on essaie de fuir la vérité. Comme on est toujours attaché à l’ignorance, on est en proie à l’ego, au karma, aux samskaras matériels, aux anarthas, aux attachements matériels.

Lorsque vous écoutez ce qui est dit présentement, vous commencez à avoir de la connaissance. Premièrement vous êtes capable de comprendre que toutes ces choses vous donnent du trouble. A un moment donné, vous allez vous dire «Assez, c’est assez. Je ne veux plus de ces problèmes». C’est nous qui nous gardons dans ces problèmes. On est depuis toujours en contact avec la matière. C’est nous-mêmes, dès maintenant, si on vit vraiment l’instant présent, qu’on peut choisir de ne plus être esclave de toutes ces illusions, de ces samskaras.

Y a-t-il une solution à ce manque de connaissances matérielles, manque d’identités et manque de développements spirituels? On doit prendre dès maintenant la résolution de développer notre capacité spirituelle. Lorsqu’on prend cette résolution sincère, c’est un désir qui peut grandir en nous et devenir plus fort que tous les désirs nuisibles. On va pouvoir vaincre l’ignorance, les samskaras et les attachements.

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