jeudi 25 décembre 2008

Le bonheur est-il possible? -- partie 5

Le problème vient de notre conscience matérielle qui cherche le bonheur de façon égoïste. Il a un ego matériel. Il est dans l'illusion. Il pense qu'il est ce corps. Il se dit : «je veux du bonheur pour le corps». Il va travailler très fort pour donner un bonheur à son corps. Mais cela ne satisfait pas l'Âme qui est à l'intérieur du corps et qui est la Source d'un véritable bonheur (éternel).

Voici l'exemple donné par les sages de l'Inde. Il y a un oiseau dans une cage. Le corps représente la cage, et l'oiseau représente l'âme. On a beau s'occuper de la cage et de faire plein de choses pour la cage l'oiseau n'en sera pas plus heureux. Cela ne va pas satisfaire vraiment l'oiseau. L'oiseau ne peut être nourri que par des choses spirituelles. C'est juste cela qui va pouvoir le satisfaire. Les choses extérieures qui sont pour le corps ne vont pas le satisfaire.

Dans l'égoïsme matériel la personne ne comprend pas qui elle est. En pensant qu'elle est le corps et le mental, elle va tout faire pour satisfaire ses désirs. Elle ne comprendra pas qu'en courant d'un désir à l'autre elle ne fait que passer d'une illusion à une autre sans réellement connaître le bonheur. Le bonheur n'est pas dans les choses extérieures.

Il y a deux types d'égoïsme matériel. Premièrement il y a les personnes qui ne pensent qu'à eux. Et, deuxièmement, ceux qui ont un ego matériel par lequel ils se sont trompés de soi.

Lorsqu'on a un ego matériel, on se trompe immanquablement sur la façon d'obtenir notre véritable bonheur. On ne sait pas comment obtenir notre bonheur. Ne sachant pas comment l'obtenir, on va continuer à tourner en rond à la recherche du bonheur matériel. Le petit bonheur temporaire obtenu disparaîtra en laissant derrière lui la souffrance. Et cherchant à se défaire de la souffrance, la personne continuera à courir après d'autres petits bonheurs croyant cette fois-ci l'avoir trouvé pour de bon. C'est pour cela qu'un alcoolique devient alcoolique. Il pense que la boisson va lui donner un plaisir et qu'elle va lui apporter un bonheur. Mais cela ne lui donne pas un bonheur, juste un plaisir temporaire. Étant donné que cela n'est pas suffisant, il en veut toujours plus. Et il devient alcoolique. Donc les plaisirs temporaires ne peuvent pas le satisfaire.

Le problème se situe au niveau de l'âme qui recherche son propre bonheur (égoïsme). Quand la personne cherche son propre bonheur, elle va toujours rencontrer la souffrance. L'égoïsme apporte la souffrance.

Maintenant on va donner la recette du bonheur qui vient de tous les grands sages. Le bonheur vient lorsqu'on ne recherche pas son propre bonheur. Et en ne recherchant pas notre bonheur, on a plus de chance d'avoir un vrai bonheur parce qu'il n'est pas égoïste.

Certains pensent qu'en cherchant le malheur on va obtenir le bonheur. Ce n'est pas la bonne voie parce qu'en cherchant le malheur c'est encore une recherche pour soi, donc égoïste. On fait juste inverser la situation. C'est encore un désir égoïste. Lorsque ce n'est plus égoïste on ne recherche plus son propre bonheur. Et en n'étant plus égoïste on peut s'élever au-delà du mental et goûter à un bonheur plus spirituel. Cela est très logique et très simple mais très difficile à accomplir.

Lorsqu'on parle que le bonheur est un mal du siècle c'est à cause que le monde ne cherche que leur propre bonheur. Quand on recherche son bonheur on s'enfonce dans la souffrance. Ce bonheur est devenu un mal parce qu'on l'a cherché pour soi égoïstement.

Quand on se libère de l'égoïsme, le vrai bonheur va venir naturellement, ce n'est plus un mal. C'est quelque chose de bien et cela va rendre la personne plus spirituelle.

Dans la Bhagavad-gita, le verset 15, chapitre 8[1], Krishna dit : «duhkhalayam asasvatam» que ce monde matériel est : « duhkhalayam » rempli de souffrances, et, tous les plaisirs y sont « asasvatam » temporaires.

Donc qu'est-ce que fait un yogi? C'est écrit au chapitre 5, verset 21[2]. Il s'est détaché des plaisirs temporaires matériels pour s'attacher aux plaisirs de l'âme qui sont spirituels. Et eux sont ananta, qui veut dire qu'ils sont infinis. Cela va encore plus loin, dans le chapitre 5, verset 22[3] on explique que les plaisirs matériels externes sont à l'origine des souffrances. C'est un secret de la vie que très peu de monde sait, que seuls les yogis savent.

Il est écrit au chapitre 18, verset 38[4], qu'au début, les plaisirs matériels sont comme du nectar. Cela veut dire qu'il goûte très bon. Mais après, cela tourne toujours en poison. L'un va toujours tourner dans l'autre. Donc les plaisirs matériels sont la source de toutes les souffrances.

Pourquoi y a-t-il beaucoup de souffrances dans le monde? C'est parce que le monde court après le bonheur matériel. Quelqu'un qui court après le bonheur égoïste matériel va devoir subir la souffrance. Cela n'arrêtera jamais. Voilà le secret.

Le chapitre 5, verset 225, dit que ce sont les plaisirs qui viennent des contacts des sens avec la matière et que l'on fait de façon égoïste qui apportent la souffrance. Ils sont «duhkha-yonaya » la source de toutes les souffrances. Alors « ady-antavantah » ils sont dans le corps et ils sont juste temporaires. Étant donné qu'ils ont un début et une fin cela n'intéresse pas un yogi qui est intéressé qu'aux choses éternelles. Le verset dit « na tesu ramate budhah » il faut que tu sois un bouddha, quelqu'un d'intelligent qui ne s'occupe pas de plaisirs matériels qui apportent la souffrance. Le mot bouddha ici a été écrit plusieurs milliers d'années avant même que le bouddhisme naisse.

Dans le verset 23 du chapitre 5[5] on explique que celui qui est justement capable de tolérer les besoins des désirs matériels, du mental et des sens matériels sans en jouir, celui-là va toujours demeurer heureux, en ce monde.

Une autre façon d'être heureux en ce monde est décrite au chapitre 2, verset 14[6]. « Éphémères joies et peines, comme étés et hivers, vont et viennent il faut apprendre à les tolérer sans en être affecté. » Cela montre ici que toutes les joies matérielles sont éphémères et les peines aussi sont éphémères. Elles sont dues à la rencontre des sens avec la matière (comme écrit dans le verset 5, chapitre 22). Il faut apprendre à les tolérer sans en être affecté.

Comme décrit dans le chapitre 18 verset 54[7]: le yogi est «Brahma bhutah» fixé dans quelque chose de spirituel. Et comme il est fixé dans quelque chose de spirituel, il est toujours joyeux vu qu'il ne dépend pas des bonheurs extérieurs matériels. Et «na socati» il n'est pas pris avec les lamentations et les désirs.

Quand on désire quelque chose de matériel, cela donne une anxiété. Je veux avoir la plus belle voiture. Donc il faut qu'on travaille très fort, ce qui donne plein d'anxiété. Après qu'on ait obtenu la belle voiture, on a peur que quelqu'un l'égratigne ou nous la vole, c'est encore de l'anxiété. Une fois que la voiture ne marche plus, parce que tout ce qui est matériel est temporaire, on commence à se lamenter. Ma belle voiture ne marche plus, tout va mal. Ce sont des lamentations au début, au milieu et à la fin.

Celui qui est fixé dans quelque chose de spirituel est libre de ces lamentations et de ces désirs matériels.

Maintenant qu'est-ce qui arrive à cette personne qui s'est fixée dans le spirituel? C'est écrit dans le Patma Purana : « yogi narat anatas ». Ce qui veut dire qu'elle est fixée dans la Vérité Absolue (cette Vérité Absolue qui est la pleine forme spirituelle), s'appelle Rama parce qu'IL est la source de plaisir infini. C'est la Réalité Absolue qui lui donne un plaisir plutôt que les bonheurs temporaires.

Ceux qui ne font pas de yoga ne peuvent pas avoir aucun de ces bonheurs spirituels. Ils ne peuvent pas avoir aucun bonheur qui va durer.

Le verset 66 du chapitre 2 [8]explique que « asantasya » si tu n'as pas la paix, tu ne peux pas avoir le bonheur. Parce que sans paix c'est toujours l'anxiété. Par exemple on prend un cornet. S'il y a du sable dans notre cornet on n'aura pas de plaisir à le manger. On n'aura pas de paix parce qu'on va se demander est-ce que je vais tomber malade? On ne peut pas avoir la paix «asantasya», et si on n'a pas la paix, on ne peut pas avoir de bonheur durable.

Mais comment avoir la paix si on a un mental qui nous dérange toujours. «Na cayuktasya bhavana » veut dire que le mental va toujours causer des problèmes, « na socati na kanksati », jamais se lamenter et jamais rechercher des désirs. Donc celui qui n'a pas contrôlé son mental par la pratique spirituelle ne peut pas avoir de paix puisqu'il ne peut pas réfréner ses désirs et arrêter ses lamentations. Et celui qui ne peut pas avoir de paix ne peut pas avoir de bonheur.


[1] «Mam upetya punar janma, duhkhalayam asasvatam, napnuvanti mahatmanah, samsiddhim paramam gatah»: Quand ils M'ont atteint, les yogis imbus de dévotion, ces nobles âmes, s'étant par là élevés à la plus haute perfection, jamais plus ne reviennent en ce monde transitoire, où règne la souffrance.

[2] «Bahya-sparsesv asaktatma, vindaty atmani yat sukham sa brahma-yoga-yuktatma, sukham aksayam asnute»: L'être libéré n'est pas soumis à l'attrait des plaisirs matériels du monde extérieur, car il connaît l'extase intérieure. Se vouant à l'Être Suprême, il goûte une félicité sans bornes.

[3] «Ye hi samsparsaja bhoga, duhkha-yonaya eva te, ady-antavantah kaunteya, na tesu ramate budhah»: L'homme d'intelligence ne s'adonne jamais aux plaisirs des sens ; il ne s'y complaît point, ô fils de Kunti, car ils ont un début et une fin et n'apportent que la souffrance.

[4] «Visayendriya-samyogad, yat tad agre mrto-pamam, parintame visam iva, tat sukham rajasam smrtam»: Mais le bonheur né du contact des sens avec leurs objets, qui d'abord est pareil au nectar, mais à la fin prend le goût du poison, ce bonheur est dit appartenir à la passion.

[5] «Saknotihaiva yah sodhum, prak sarira-vimoksanat, kama-krodhodbhavam vegam, sa yuktah sa sukhi narah»: Qui, avant de quitter son corps, apprend à résister aux impulsions des sens, à réfréner les impulsions nées de la concupiscence et de la colère, celui-là est un vrai yogi, heureux même en ce monde.

[6] «Matra-sparsas tu kaunteya, sitosna-sukha-duhkha-dah, agamap-ayino nityas, tams titiksasva bharata»: Éphémères, joies et peines, comme étés et hivers, vont et viennent, ô fils de Kunti. Elles ne sont dues qu'à la rencontre des sens avec la matière, ô descendant de Bharata, et il faut apprendre à les tolérer, sans en être affecté.

[7] «Brahma-bhutah prasannatma, na socati na kanksati, samah sarvesu bhutesu, mad-bhaktim labhate param»: Celui qui atteint le niveau spirituel réalise du même coup le Brahman Suprême, et y trouve une joie infinie. Jamais il ne s'afflige, jamais il n'aspire à quoi que ce soit ; il se montre égal envers tous les êtres. Celui-là obtient alors de Me servir avec un amour et une dévotion purs.

[8] «Nasti buddhir ayuktasya, na cayuktasya bhavana, na cabhavayatah santir asantasya kutah sukham»: L'être inconscient de son identité spirituelle ne peut ni maîtriser son mental, ni affermir son intelligence; comment, dès lors, connaîtrait-il la sérénité? Et comment, sans elle, pourrait-il goûter au bonheur?



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