mercredi 3 septembre 2008

Bases spirituelles solides -- suite

Voici un texte de Guy Tétreault
tiré du document: Bases spirituelles solides (l'asthanga-yoga)
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PRANAYAMA

Une autre étape est celle du contrôle du souffle, le pranayama. Ce contrôle du souffle est décrit dans plusieurs versets de la Bhagavad-gita. On va en citer quelques-uns.

Au verset 27 du chapitre 4 est écrit : «ceux qui désirent atteindre la réalisation spirituelle par la maîtrise des sens et du mental, offrent en sacrifice, dans le feu du mental maîtrisé, les activités de tous leurs sens et leur souffle vital».

Ici le pranayama n'est pas seulement décrit comme étant un exercice mécanique de respiration. Il existe beaucoup de techniques de pranayama qui visent à contrôler le souffle. La Bhagavad-gita va au-delà de la technique dans son explication. Elle explique dans quel état d'esprit ce contrôle de souffle doit être fait. Il est dit que c'est dans un esprit de sacrifice. Que cela veut-il dire ?

Puisque le but du yoga étant d'atteindre l'Absolu, le contrôle de souffle devient un sacrifice offert à l'Absolu. Le mot sacrifice est un mot difficile à comprendre pour les occidentaux. Le mot sanskrit est yajna (prononcé yagya) qui signifie davantage une offrande ou une extériorisation de notre désir de s'offrir. Ce n'est pas pris dans le sens d'un calvaire ou de quelque chose qu'on n'aime pas faire. Malheureusement c'est souvent la définition qu'on en donne en Occident.

Donc le mot sacrifice prend plutôt le sens d'une offrande. L'exemple qui nous est donné est le feu. Dans l'Inde classique où on pratique des rituels d'offrandes aux diverses divinités, on fait brûler nos offrandes pour qu'elles puissent se rendre aux divinités. Ce genre de rituel permet aussi de cultiver le non-égoïsme. Dans la pratique du pranayama le rituel est intériorisé. Ce n'est pas un geste extérieur de mettre nos offrandes dans un feu. Le feu du pranayama est décrit comme étant le mental maîtrisé. On s'efforce de contrôler le mental en un seul point pour qu'il ne prenne pas toutes sortes de directions. C'est très difficile et cela crée un feu à l'intérieur de nous. Cela chauffe à l'intérieur de nous et ce réchauffement est comparé au feu du mental. Dans ce feu du mental on offre les activités des sens et du souffle vital. C'est une belle image d'un sacrifice intériorisé qui a pour but de plaire à l'Absolu.

Un autre verset qui parle de contrôler l'air vital est le verset 10 du chapitre 8 : «Qui, à l'instant de la mort, fixe entre les sourcils son air vital et, avec la dévotion la plus profonde, s'absorbe dans le souvenir du Seigneur Suprême ira certes à Lui».

On retrouve encore l'importance accordée à cet exercice de pranayama. Il est mentionné qu'au centre des sourcils le prana est fixé. Cela est fait avec le sentiment de dévotion (bhakti). On a dit que la bhakti était le plus haut des yogas selon la Bhagavad-gita. Dans le yoga de la dévotion on peut centrer nos activités sur l'Absolu. Ici on a l'activité du pranam (contrôler le souffle vital) pour nous aider au moment de la mort à s'absorber dans nos pensées de l'Absolu.

Un principe décrit dans la Bhagavad-gita nous dit que notre conscience au moment de la mort détermine notre destination (verset 8,6)[1]. Si on médite sur l'Absolu au moment de la mort on va atteindre l'Absolu. Le pranayama est montré ici comme une façon efficace de nous aider à méditer sur l'Absolu. On se rend compte qu'il faut l'avoir pratiqué toute notre vie pour atteindre un tel état d'esprit.

On a tout à gagner à maîtriser le souffle. Je n'irai pas en détail puisque ce n'est pas le but du présent sujet. Le pranayama est une science très élaborée et je me contenterai de vous dire que lorsqu'on fixe le prana entre les sourcils cela éveille le «troisième oeil», le sixième chakra qui touche au spirituel et cela nous permet de se relier à l'Absolu. Cela rend la pratique plus efficace si on médite sur ce chakra. En fixant le souffle du prana dans ce chakra, on éveille ce chakra et notre concentration est augmentée. Il est plus facile de se relier à l'Absolu au moment de la mort et de ne pas se fixer sur les pensées de notre vie passée ou sur la douleur physique qui est présente à ce moment.

On va tout de suite passer à un autre verset qui décrit le pranayama et en même temps cela décrit un peu la prochaine étape pratyahara

Voici ce que disent les versets 27 et 28 du chapitre 5. «Fermé aux objets des sens, fixant son regard entre les sourcils et immobilisant dans ses narines les airs ascendant et descendant, maîtrisant ainsi les sens, le mental et l'intelligence, le spiritualiste s'affranchit du désir, de la colère et de la peur. Qui demeure en cet état est certes libéré».

Ce verset explique comment immobiliser dans ses narines les airs ascendant et descendant. C'est un autre exercice de pranayama qui est très difficile à exécuter. Il faut le faire en compagnie d'un professeur expert dans la matière. Le but de vouloir maîtriser les airs est de nous aider à maîtriser les sens, le mental et l'intelligence. C'est le début du souffle. Dans la méditation on veut contrôler le mental et le souffle nous aide à contrôler le mental.

Comment on contrôle le mental? En contrôlant aussi l'intelligence et les sens qui sont aussi reliés au mental. Par le souffle on parvient peu à peu à contrôler le mental, l'intelligence et les sens. En étant capable de contrôler l'intérieur, on développe de plus en plus le pratyahara. Cette étape qui est l'intériorité est décrite souvent par les mots «fermé aux objets des sens». Cela veut dire qu'on se coupe des «bruits» extérieurs pour pouvoir se concentrer vers le développement intérieur. Le pranayama nous aide à contrôler le mental en nous amenant peu à peu vers le pratyahara.

« Yam yam vapi smaran bhavam, tyajaty ante kalevaram, tam tam evaiti kaunteya, sada tad-bhava-bhavitah . » Car, certes, ô fils de Kunti, ce sont les pensées, les souvenirs de l'être à l'instant de quitter le corps qui déterminent sa condition future.

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