samedi 10 juillet 2010

La perfection est accessible à tous - Partie 2

Il a fait sa prière pendant huit années. Puis un jour qu’il était sur la route de l’université pour y donner un cours, il eut une voix dans son cœur qui lui disait qu’il allait trouver à l’église ce qu’il cherchait.

Il quitta le chemin de l’université pour se rendre à l’église. À son arrivée il vit plusieurs mendiants sur les marches de l’église. Il entra dans l’église et n’y trouva personne. En lui-même il se disait que sa voix intérieure l’avait peut-être déçu. À la sortie de l’église il y avait un mendiant qui se tenait près de la porte.

Machinalement il dit bonjour au mendiant en se demandant où pouvait bien se trouver le maître de vie qu’il attendait depuis longtemps. « Ma voix intérieure se serait-elle trompée? » A son bonjour «automatique» le mendiant répondit : «mon cher ami tous les jours sont bons». Jean Tauler n’écoutait pas le mendiant. Ses pensées étaient ailleurs et il n’avait pas porté attention à ce pauvre homme infirme.

Déçu, il s’apprêtait à quitter en disant au mendiant que Dieu veuille bien le bénir. Le mendiant répondit : «Dieu me bénit toujours». Ces paroles rendirent Jean Tauler un peu plus présent et porta son attention sur le mendiant. Il constata qu’il était mal en point et lui demanda s’il
pouvait alléger ses peines. Le mendiant lui dit : «mon cher père, je vous remercie de votre sollicitude mais depuis longtemps je ne connais pas la peine».

Notez ici les réponses du mendiant: «tous les jours sont bons; Dieu me bénit toujours et depuis longtemps je ne connais pas la peine».

Encore une fois il n’écoutait pas. Jean Tauler, le grand sage, le grand érudit, le grand moine et le grand mystique n’écoutait pas. Il répondait de façon mécanique; « Que Dieu vous garde heureux toute votre vie » et le mendiant lui répondit: «bien sûr que Dieu va le faire».

Jean Tauler était un peu découragé puisqu’il n’avait pas trouvé son maître. Par contre les réponses du mendiant commencèrent à «résonner» en lui. « Mon cher ami vos paroles m’intriguent. Comment pouvez-vous prétendre de ne pas connaître la peine dans l’état où vous êtes? » Le mendiant lui explique : «mon cher père ce n’est pas notre état extérieur qui détermine notre peine mais la façon dont nous la recevons, dont nous la vivons. Par exemple si
nous avons de l’impatience face à un trouble, c’est cette impatience qui nous donne de la peine et non le trouble. Le trouble extérieur ne peut pas nous affecter. Il nous touche seulement si nous en avons un intérêt égoïste». Le mendiant commençait à être très philosophique.

Jean Tauler commence à écouter très attentivement. Le mendiant poursuit : «lorsque nous avons un inconvénient dans nos vies et que nous l’interprétons comme un malheur, cela va nous faire souffrir. Par contre si nous comprenons que tout est grâce de Dieu, le même inconvénient peut être utilisé pour glorifier Dieu». Cela est facile à dire et très difficile à faire lorsque nous avons un ego matériel.

Il continue: «Quelles que soient les circonstances extérieures, elles viennent à nous par la grâce de Dieu. Dieu dans son infini amour s’organise pour qu’il ne se produise que ce qui est bon pour nous. Nous souffrons seulement lorsque nous n’avons pas confiance en l’amour de Dieu».

«Lorsque nous avons confiance que la grâce de Dieu agit pour notre bien, nous nous en réjouissons toujours. Vous me voyez ici infirme et parfois je suis plusieurs jours sans manger. Mais lorsque cela m’arrive, je sais que Dieu veut que j’utilise ce temps pour mieux Le prier. Cette meilleure prière me donne une joie encore plus grande que n’importe quelle nourriture terrestre. Ainsi la grâce de Dieu me nourrit tellement qu’il n’y a plus de place pour aucune peine».

Jean Tauler écoutait beaucoup. Il lui demanda qui il était et d’où il venait. Le mendiant lui répondit: «je viens de Dieu. Et où est-il? Dieu est dans le cœur de tous les hommes nobles, ne le savez-vous pas mon père? Je suis son humble serviteur qui peut le servir dans toutes circonstances».

Jean Tauler toujours très intrigué lui demanda : « comment avez-vous rencontré Dieu, qui est votre maître ou qui vous a donné tous ces enseignements? » Le mendiant de répondre: «j’ai eu la chance dans ma vie d’avoir beaucoup d’occasions pour me tourner vers Dieu qui est dans notre cœur et c’est Lui qui m’a enseigné toutes ces choses».

«Ceux qui n’ont pas eu autant de chances que moi, qui étaient trop occupés par une belle vie, n’ont pas eu la chance de recevoir les mêmes enseignements que moi. J’ai eu cette grande grâce et depuis que j’ai eu cette grâce, je n’ai jamais eu de peine et je ne me souviens pas du jour où j’ai eu une peine».

Fin de l’histoire.


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