lundi 19 avril 2010

Le sens de la vie - partie 4

SE DONNER DU TEMPS À L’AMOUR

Toutes ces paroles d’amour et de sagesse nous amènent à y croire mais on trouve différentes excuses (trop occupé à cuisiner, trop occupé à dormir ou à manger, je n’ai pas le temps au spirituel) pour ne pas les mettre en pratique. Il s’agit pourtant de quelques minutes de conscience claire ou d’une petite méditation sur ces principes enseignés, pour justement faire, que toutes nos activités soient remplies d’amour et ne plus sentir les souffrances extérieures de ce monde.

Baby Krishna & Mother Yasoda par arjuna_zbycho

Tout comme la mère envers son enfant elle va travailler très fort pour s’en occuper. Pour elle ce n’est pas une corvée puisqu’elle le fait par amour. Elle ne se dit pas qu’elle n’a pas le temps pour l’amour. Non, elle se dit qu’elle a tout son temps pour l’amour et sa vie devient un débordement d’amour car toutes ses activités sont faites dans cette orientation.

Le yoga fonctionne de la même façon. Par la simple écoute de la sagesse, on peut développer un amour pour la Vérité et tout naturellement faire en sorte que nos activités soient faites dans cette vérité, dans cet amour et dans cette sagesse. C’est un principe très simple, il nous suffit de le déclencher par le désir intérieur. Le désir peut s’installer en nous lorsqu’on entend parler de spiritualité et qu’on veuille vivre de façon spirituelle. Ainsi notre vie prend tout son sens dans la simplicité et l’amour.

L’amour peut paraître loin de soi. On peut prétendre ne l’avoir jamais connu et penser ne jamais l’avoir. Il y a les paroles de Hélène Keller, une personne très spéciale, qui a vécu beaucoup de difficultés dans sa vie. Elle disait : «l’amour est une belle fleur qui m’est interdite de toucher mais dont le parfum transforme quand même le jardin en lieu d’enchantement».

Lotus Flower Macro par Bahman Farzad


Même si l’amour véritable vous semble inaccessible, on a tous l’opportunité d’en saisir le parfum qui va embaumer notre cœur et nous faire bondir vers la sagesse, le savoir et la vérité. L’écrivain français, Georges Bernados, disait : «l’enfer était de ne plus aimer». De la même façon le paradis c’est de sentir un peu quelques effluves d’amour. Un des grands paradoxes c’est que plus on sait plus on pense ne pas savoir. Et plus on aime plus on pense ne plus aimer lorsqu’on grandit dans la voie du yoga et de la sagesse.

Les plus grands saints se sentent toujours insignifiants devant l’amour et la sagesse véritables (non égoïstes). Cela pour dire que l’on soit l’un des plus grands saints ou la personne la plus égoïste qui soit, on ne doit pas se décourager car un simple parfum d’amour peut nous ouvrir les portes du paradis. Il faut se rappeler, comme disait Aristote (penseur grec qui avait un très grand sens de la mesure) ; «la vérité parfaite et absolue nous semble parfaitement inatteignable». Personne n’a la vérité parfaite mais aussi personne n’est dénuée de vérité.

On peut dire la même chose avec l’amour. Il n’y a pas de dualité entre les deux : on n’a pas l’amour parfait en nous mais on n’est pas dénué d’amour. Si on était dénué d’amour, on serait dénué du sens de notre vie. On peut perdre le sens de la vie ou le sens de l’amour. Mais en cultivant la sagesse on s’aperçoit qu’on a de l’amour au fond de soi et qu’elle peut grandir comme une fleur qui s’épanouit. Plus le parfum d’amour est grand en nous, plus on verra que la fleur de la sagesse et de l’amour sera épanouie dans notre cœur.

Lotus par Peter Akkermans Fotoakkermans.nl

C’est d’ailleurs une des grandes méditations simples et efficaces qui se fait en Inde depuis des millénaires : méditer sur notre cœur comme un fleur. Une fleur infiniment belle qui s’épanouit de plus en plus et qu’on offre à Dieu. Une fleur qu’on offre au Suprême, à l’amour et à la sagesse. Cette offrande est elle-même amour. Notre cœur devient lui-même rempli d’amour. Par le miracle de l’amour on devient comme l’objet aimé.

Il n’y a rien de plus unifiant que l’amour (dans le yoga de l’amour). Il existe tellement une grande unité entre celui qui aime et l’être aimé que les deux ne font qu’un. Ce qui arrive à l’occasion (qui est un paradoxe) c’est de voir des saints être tellement unis à Dieu qu’ils finissent par ne plus voir leur propre ego, ils ne voient que Dieu. Ils en ressortent en disant être Dieu.

Il y a un petit poème qui vient de Marie de France et qui dit : «telle est la mesure d’aimer que nulle raison doit garder». Tout comme en ce monde un matérialiste va faire les pires extravagances au nom de l’amour. Dans le domaine spirituel il y a aussi les pires extravagances qui se font au nom de l’amour. Un grand sage de l’Inde qui s’appelle Jiva Goswami disait : «la perfection spirituelle est très difficile à cerner car les plus grands spiritualistes ressemblent aux plus grands matérialistes». Tout comme un jeune amant matérialiste est très attaché à sa maîtresse, le spiritualiste est très attaché et très lié à l’Absolu.

Ce lien devient tellement fort (les deux étant tellement unis) que la personne se dit je suis tellement Un que je suis Dieu, je suis la Vérité. On a l’exemple dans la tradition musulmane d’un saint soufi qui s’appelle Hallaj et qui déclara être la Vérité. Cela a été pris par les religieux ordinaires comme étant un grand blasphème. Ils l’ont mis en prison et torturé pendant neuf ans avant de l’exécuter.

Tous les grands sages qui ont suivi par la suite l’ont vénéré à sa juste valeur. Rumi Jalaluddin, probablement le plus grand poète que l’humanité a connu, était un sage soufi qui disait : «Halladj était parvenu à un degré tellement avancé de spiritualité qu’il en avait perdu tout son ego matériel». Il s’était tellement identifié à Dieu qu’il ne se voyait plus lui-même, il ne voyait que Dieu, dans son «je» il ne voyait que Dieu. Dans cette perfection il avait l’air du plus grand blasphémateur. Il avait l’air de quelqu’un qui se prenait pour Dieu.

En Inde on a aussi ce genre de définition subtile de l’union à Dieu. Le yoga est la façon la plus efficace de se défaire des illusions matérielles et des ego matériels. L’ego signifie l’identification, ce à quoi on s’identifie. Dans l’illusion on s’identifie à son corps, on se dit: «je suis un homme, je suis une femme». Lorsqu’on est un homme on recherche les femmes. Le yogi se défait de ces identités. Il se dit: «je suis une âme spirituelle dans un corps temporaire. Ce corps est mon véhicule et mon vêtement et je suis ni l’un ni l’autre mais je l’utilise par amour pour la Vérité».

On veut s’unir à la Vérité et non à d’autres corps. Dans cette union yogique à la Vérité, l’ego disparaît graduellement. Il existe différentes sortes d’unions à la Vérité. Si la personne préfère l’union à une forme impersonnelle, elle peut s’y fondre, elle peut être Un et dire je suis Brahman, je suis le Tout ou je suis l’Absolu (Dieu). Dans son choix d’union ou de fusion, ceux qui préfèrent une forme plus personnelle et plus complète de la Vérité (qui est à la fois amour, sagesse et source de toutes les formes ou de toutes vies), peuvent s’unir par amour à la Personne Suprême tout en gardant sa propre individualité dans sa relation. Il y a un plaisir dans l’amour fusionnel mais il y a un plaisir beaucoup plus grand, comme il est dit par les sages de l’Inde, lorsque les deux conservent leur identité.

La mère et l’enfant ont leur propre identité distincte. Par distinction la mère veut faire plaisir à son enfant. La distinction spirituelle n’est pas une distinction matérielle. Ce n’est pas une dualité, les deux (mère et enfant) sont unis dans une spiritualité. Cette union n’est pas seulement une fusion. Il y a plusieurs sages qui disent que c’est possible de se fusionner avec Dieu mais les états supérieurs ne sont pas de se fusionner et de dire je suis la Vérité mais plutôt de dire que je suis le serviteur de la Vérité.


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